Salomé est un encensoir qui répand d'étranges parfums et de son langage il s'écoule une musique étrange. Pour cette seconde mise en scène, j'ai voulu explorer une problématique qui me tient à coeur, les liens entre théâtre et musique. Le texte de Wilde qui a été maintes fois qualifié d'opéra verbal et qui a inspiré notamment Strauss pour son opéra se prêtait particulièrement bien à une telle expérimentation. Pour ce spectacle, j'ai imaginé une adaptation qui permette d'une part un entrelacement du texte et de la musique (composée spécialement pour l'occasion), et d'autre part un renforcement de l'unité du drame en concentrant l'ensemble des répliques sur six personnages (au lieu de la vingtaine de personnages prévue dans la distribution originale). Avec le compositeur Claude Berset, nous avons été attentifs à ce que la musique ne soit pas une illustration simpliste du texte mais qu'elle ait un rôle significatif dans la progression dramatique de l'oeuvre. Il m'a semblé également important que les musiciennes se mêlent aux comédiens sur le plateau et insufflent, par leur présence et leur musique, l'énergie qui entraîne les personnages au bout de leur destinée tragique.

Salomé. - Vous ferez cela pour moi, Narraboth. Vous savez bien que vous ferez cela pour moi. Et demain quand je passerai dans ma litière sur le pont des acheteurs d'idoles, je vous regarderai à travers les voiles de mousseline, je vous regarderai, Narraboth, je vous sourirai, peut-être. Regardez-moi, Narraboth. Regardez-moi. Ah! Vous savez bien que vous allez faire ce que je vous demande. Vous le savez bien, n'est-ce pas?... Moi, je le sais bien.

salomé - note d'intentions